Au royaume des petites bêtes, il existe un endroit où vit et se reproduit un crustacé pas comme les autres. Gîte éphémère, les mares de platières abritent un étrange animal au nom énigmatique, le Tanymastix stagnalis. Il s’agit d’une sorte d’une petite crevette résidente en forêt de Fontainebleau qui à certains moments de l’année, donne vie aux mares temporaires. Mais approchons-nous pour les regarder vivre.
La crevette d’eau douce & Co
Ce crustacé branchiopode fait partie d’une branche peu étudiée en France. Ses milieux de vie comme les vasques, flaques et ornières sont peu prospectés. Du fait du caractère temporaire de ces biotopes et la petite taille de ces arthropodes, leur détection est difficile et non systématique. Il y a peu de spécialistes pour recenser les différentes espèces de crustacés. C’est la raison pour laquelle, on en sait peu sur la répartition des populations de crevettes d’eau douce en France.
L’année 2015 a été pour moi pleine de surprises avec la rencontre fortuite de 2 espèces de crustacés dont j’ignorais même l’existence. La première espèce est celle faisant l’objet de l’article, c’est-à-dire le Tanymastix stagnalis. La seconde espèce me semble tout aussi rare. Si je ne me suis pas trompé, j’ai photographié le Cypris pubera dans une mare de platière de Fontainebleau. Elle partit des espèces en liste rouge.
Description de Tanymastix stagnalis
Notre branchiopode de petite taille n’excède pas le centimètre de long. Un dimorphisme existe entre le mâle et la femelle. La photo ci-dessous montre une femelle avec sa poche rouge contenant les œufs. Le mâle en est dépourvu ce qui le rend difficilement détectable. La nage lente est permise par les pattes placées en dessous dans un style pédalage. Deux yeux pédonculés (c’est-à-dire placés à l’extrémité d’une partie longue reliée au reste du corps) habillent cette élégante crevette.
Cycle annuel de reproduction
Comme vous l’avez deviné chers Lecteurs, avec le tanymastix stagnalis nous avons affaire à un animal ayant un mode de vie extraordinaire. Existence courte, reproduction semblant vouée à l’échec par l’assèchement des mares de platière et renaissance un beau jour d’été. Comment ne pas être admiratif devant ce miracle de la nature !
D’après une brochure éditée par la Station d’Écologie Forestière (Université Paris Diderot), la « crevette féerique » pond des « œufs de résistance » (ou cystes) possédant la capacité de survivre à l’assèchement de la mare et d’éclore lorsque celle-ci est de nouveau en eau.
Toute sa spécificité réside dans sa résistance à l’assèchement et à la conservation des œufs lorsque le soleil tape sur la roche chaude l’été. J’ai regardé la signification du terme cyste et j’ai trouvé la définition suivante : « Qui contient du sang ».
Est-ce le secret de sa survie en milieux hostiles ? Je laisse cette question à votre réflexion.
Pour voir en vidéo ce crustacé exceptionnel, je vous laisse ce lien.
J’ai découvert ce petit crustacé le week-end dernier lors d’une randonnée à Fontainebleau. Je suis resté un bon moment à le regarder dans une petite cavité tout en haut d’un rocher.
Au debut, en regardant le mâle, j’ai cru qu’il s’agissait d’un petit poisson. Puis, en regardant de plus près je me suis rappelé des Sea Monkeys: Artemia salina.
Magnifique créature!
Une raison de plus pour continuer de protéger la forêt.
Pourquoi ne pas l’élargir ?
Oui pour plus de protection et pour une forêt propre !
Merci pour votre témoignage.
Aïe, répétée a deux reprises, ce n’est plus une faute de frappe !
Ce ne sont pas des brachiopodes (bras en forme de pattes, ou le contraire) mais des branchiopodes (pattes qui servent de branchies)
Excellente remarque !
Merci pour l’explication je corrige de suite.
Cdlt
Djamal
Tout n’est pas corrigé
Et bravo pour l’article !
je découvre avec beaucoup d’intérêt votre passion et vos commentaires que je vais suivre régulièrement et partager
Merci beaucoup JM ! 🙂
Je ne connaissais pas du tout cette petite bêbête… il va falloir que j’ouvre l’œil et que je m’intéresse d’un peu plus près aux mares des platières… Merci encore!
J’ai été aussi étonné que vous ! Merci pour votre commentaire Cécile 🙂
Magnifique partage un grand Merci à vous, j’ai habité Fontainebleau par le passé et je me réjouis de continuer grâce à vos découvertes d’admirer ses charmants hôtes 🙂
Merci, Patricia de suivre avec intérêt mes trouvailles ! Petit à petit, j’essaie de lever le voile sur la biodiversité d’une forêt qui reste à étudier et surtout à protéger.
À bientôt pour la découverte d’une magnifique fleur printanière.