Le frelon asiatique (Vespa velutina nigrithorax) est une grosse guêpe à pattes jaunes qui devient agressive à l’approche du nid. Découvert en 2014 en Seine-et-Marne, son expansion est rapide. En région parisienne comme ailleurs, ce prédateur représente un danger. L’attaque de ces hyménoptères provoque une crainte légitime. Leur origine mérite aussi une information. Existe-t-il des pièges ? Que faire face à une colonie ? Quelle est sa durée de vie ? Étant donné l’invasion de cet insecte en France et du danger sur l’écosystème, voyons ensemble quelques points intéressants.
Origine
Il faut remonter à 2004 pour qu’un horticulteur du Lot-et-Garonne (47) remarque un type de frelon inhabituel. Ces insectes sont apparemment arrivés avec une commande de poterie. Il faudra attendre 2006 pour que Jean Haxaire (source INRA) signale la présence de Vespa velutina. Il s’agissait de femelles fondatrices de plusieurs colonies.
Ainsi, de 2004 à 2016, la progression du frelon asiatique s’est poursuivie du sud-ouest jusqu’au nord-est. Aujourd’hui, cet hyménoptère jaune et marron est présent partout en France métropolitaine. D’ailleurs, au printemps 2017, j’en ai trouvé 2 morts dans le nichoir à mésanges que j’avais laissé au fond du jardin (Seine et Marne). Cette découverte m’avait laissé perplexe, car je n’avais pas pris conscience de la réalité de leur présence.
Cette espèce de guêpe et 11 sous-espèces vivent dans l’ensemble de ces pays, Bhoutan, nord de l’Inde, Myanmar, Thaïlande, Laos, Vietnam, sud-est de la Chine, Corée du Sud, Taïwan, Péninsule malaisienne et archipel indonésien (source INRA). Avec le temps, les entomologistes se sont aperçus que Vespa velutina non seulement s’est bien acclimaté à son nouveau pays, mais qu’en plus, des femelles fondatrices ont étendues l’aire de répartition, colonisant année après année des régions vierges de toute présence.
Frelon asiatique ou européen ?
Avant tout, identifier la bonne espèce de frelon est important. Pourquoi cela ? Parce que celle venue d’Asie est réputée agressive en cas de trop grande proximité avec son nid. Donc, il est important de savoir à quel insecte nous avons à faire. Pour vous aider dans cette démarche, voici une description et 2 photos. Une du frelon asiatique (Vespa velutina) et une autre du frelon européen dit commun (Vespa crabro).
Le redoutable prédateur d’insecte a les pattes jaunes. Son thorax et son abdomen sont presque noirs. Seule, la séparation des segments est soulignée par des lignes jaunes. Le 4e segment est presque entièrement jaune. Son apparence est globalement plus foncée que son homologue européen brun et jaune. De plus, notre frelon local présente une taille légèrement supérieure.
Un autre facteur visuel peut vous aider à identifier clairement la bestiole. La plupart du temps, il suffit de lever la tête pour découvrir une grosse boule accrochée en hauteur dans un arbre. Alors que le Frelon commun fait son nid dans les trous d’arbres, sous les toits ou autres, le Frelon asiatique confectionne assez souvent son nid en hauteur.
Nid – Taille et forme du nid
Tout d’abord, le nid a la forme d’une poire (piriforme). Les principales implantations des nids, selon le Muséum Nationale d’Histoire Naturelle, se font à 73 % sur les arbres à une hauteur supérieure ou égale à 10 mètres. Le reste est distribué comme suit, 10 % sont construits dans les bâtiments et le restant dans les haies et autres structures.
La taille du nid du frelon asiatique peut facilement dépasser la taille d’un ballon de football. En hiver, lorsque les arbres sont dénudés, ces constructions s’observent aisément. Le matériau de construction utilisé est le bois. L’insecte récupère le bois en décomposition et le mélange à sa salive pour fabriquer une paroi en carton dur. Il peut aussi s’attaquer à du bois tendre et découper de petits morceaux.
Qui quelle période le nid est construit ?
La construction du nid se fait au printemps (mars à juin) par la reine fécondée. Elle entreprend seule, dans un premier temps, la confection de ce qui s’apparente à un nid de petite taille. Elle pond les premiers œufs et s’occupe des premières larves. Plusieurs semaines après, des ouvrières viennent donner vie à la colonie naissante. Elles aideront la reine à agrandir le nid au fur et à mesure. Au passage, vous noterez que la femelle hiverne avant de s’activer au printemps. Ce qui signifie aussi que la durée de vie des ouvrières et des mâles n’excèdent pas une saison, soit quelques mois.
Nourriture/Alimentation du frelon asiatique
Les solides mandibules de ce grand hyménoptère laissent entrevoir ce qu’elles peuvent en faire. En fait, ces grosses guêpes sont opportunistes ! Elles peuvent s’attaquer aux abeilles, leur couper la tête et faire un carnage dans les ruches. Les apiculteurs sont inquiets, car il n’existe pas de prédateurs naturels. Les papillons, les mouches et autres autres petites bestioles sont aussi la cible de ces prédateurs. Mais lorsque l’occasion se présente, elles se comportent comme toutes les autres guêpes en allant chiper un morceau de viande ou des morceaux de fruits sucrés.
Les prédateurs naturels
L’éradication de cette espèce envahissante présente des difficultés, car le piégeage se doit d’être sélectif pour ne pas affaiblir la biodiversité locale. La prudence est de mise, car ajouter un fléau à un autre peut avoir des conséquences insoupçonnées. Mes recherches sur le sujet m’ont permis de noter qu’il a été observé une bondrée apivore dévorant le contenu d’un nid de frelon asiatique.
Dans un autre cas, des botanistes du jardin des plantes de Nantes ont découvert par hasard que la plante carnivore ayant pour nom la Sarracénie capturait ces gros insectes. Ayant pour origine l’Amérique de Nord, bizarrement ces plantes n’ont jamais été en contact avec cette espèce. En fait, une phéromone située sur la lèvre supérieure attire cette espèce. Ils tombent au fond d’un long cône et sont digérés par la plante. Le problème est que la Sarracénie est une plante exotique. De plus, en tant que plantes d’agrément, elles ne peuvent pas réduire une colonie de plusieurs milliers d’individus. Actuellement, des recherches sont menées pour trouver la molécule qui attire spécifiquement les frelons asiatiques.
Sinon, une petite mouche (Conopidae) peut contrarier la dispersion des bestioles en pondant des œufs sur la reine. Les larves dévorent leur hôte et stoppent la dispersion. On pourrait se dire, chouette voilà la solution ! Là encore, si on « aidait » la nature en multipliant les petites mouches, par effet de débordement, des abeilles, d’autres espèces de guêpes comme nos frelons communs seraient aussi impactées. Donc, là encore des recherches sont en cours pour trouver l’astuce, le piège qui tuera ce prédateur.
Que faire devant un nid ?
La première chose est de s’éloigner d’au moins 5 m (voir beaucoup plus) si le nid ou l’insecte a été identifié. Étant donné leur agressivité à proximité du nid, ne rien tenter seul.
Ensuite, il vous faut contacter la mairie pour signaler la présence du nid, sa localisation pour le faire constater.
L’étape suivante sera de faire intervenir à vos frais une entreprise spécialisée en désinsectisation.
Sachez qu’en région sud Seine-et-Marne, un groupement d’apiculteurs sont en mesure de se charger de cette tâche contre rémunération probablement. Vous devez dans ce cas, pour la Seine-et-Marne, contacter le référent frelon de votre région pour débuter la discussion. Une carte avec les référents, leurs noms et leurs numéros de téléphone sont indiqués sur le lien.
Pour étudier la progression du frelon asiatique, vous pouvez aussi prendre contact avec l’INPN (Inventaire National du Patrimoine Naturel) au travers d’une fiche à remplir et à renvoyer. L’ONF a publié aussi un communiqué sur le moyen d’aborder la présence de cet hyménoptère. Je vous conseille d’en prendre connaissance.
J’espère vous avoir aider à y voir plus claire sur cette espèce invasive qu’est le frelon asiatique.
SourcesSignaler – informationshttp://www.apiculteurs63.fr/dossiers/40-le-piegeage-de-printemps-des-fondatrices-vespa-velutina-frelon-asiatique.html http://www.leparisien.fr/ferolles-attilly-77150/le-frelon-asiatique-seme-la-panique-en-seine-et-marne-07-06-2017-7026846.php http://www.lefigaro.fr/sciences/2014/07/21/01008-20140721ARTFIG00297-un-predateur-pour-eliminer-le-frelon-asiatique.php
Merci pour l’info, je vais aussi observer chez nous! Je ne suis pas une spécialiste mais je m’instruis.
Avec plaisir Gabrielle, si cela peut aider 🙂
Merci Djamal pour ces photos qui permettent très vite de reconnaître ce méchant, mais effectivement il est difficile d’agir seul.
La prudence s’impose, merci Danye 🙂
Votre article prône la prudence quant aux fausses bonnes idées de lutte et c’est heureux !
Merci pour ce travail.
Avec plaisir, merci 🙂
Bonsoir Djamal,
très instructif, comme tous tes blogs, merci , je serais vigilante, le printemps prochain, puisque maintenant, je sais le repérer, grâce à tes descriptions : un vrai régal !
Bonne semaine !
🙂
SIte gabi77 piégeage par bouteille . Aucune sélection des insectes capturés. Sur terraeco.net pourquoi il ne faut pas piéger les frelons asiatiques ?
C’est une idée qui se discute car il faut regarder le bénéfice/risque et les méthodes déjà employées !
Le mieux est de lire les commentaires de ceux qui l’ont utilisé !