Compté comme le plus grand papillon de nuit de France, le Grand paon de nuit (Saturnia pyri) de la famille des Saturniidae est un bombyx géant. Ce gros lépidoptère à ocelles fait partie de ces cadeaux de la nature lorsqu’il se montre. Relativement rares en Ile de France, mâle et femelle se montrent parfois à notre grande surprise. Pour cette raison, je souhaitais vous présenter cet insecte hors norme. Je vais répondre aux principales questions qui se posent à son sujet.
Comment identifier le grand paon de nuit ?
Sans avoir vu le papillon, il est probable que vous ayez un jour entendu son nom vernaculaire. Alors, quels sont les critères d’identification morphologique ? Commençons par la taille ou plus exactement de l’envergure du mâle ou de la femelle. Pour cette espèce, l’envergure tourne autour des 15 cm. Comme le montre la photo ci-dessous, les ailes ont une bordure beige à l’extérieur et blanche vers l’intérieur. Chaque aile a un ocelle cerclé de roux et bordée de blanc et beige sur fond noir. La partie basse des ailes antérieures et postérieures est flanquée d’une bande marron surmontée d’un zigzag clair. Le thorax est brun. L’abdomen est rayé de blanc. Le corps du papillon est poilu.
Enfin, il y a peu ou pas de dimorphisme sexuel entre le mâle et la femelle hormis l’abdomen plus rond à cause des œufs. J’ajouterais une particularité de Saturnia pyri est la forme des antennes du mâle qui ressemble à des plumes alors que la femelle est équipée d’antennes simples, du genre fil.
Description de la chenille
À la naissance, les chenillettes sont foncées presque noires. Sa croissance passera par plusieurs stades de développement. Rapidement après les premières mues, la couleur de la chenille change pour passer au beau vert pomme avec tout le long du corps des verrues bleues surmontées de soies. La chenille est inoffensive pour l’homme, elle n’est pas urticante et donc dangereuse !
Alimentation et plantes hôtes
Que mange la chenille du Grand paon de nuit ? Pour connaître la nourriture des chenilles, il faut savoir quels types d’arbres les femelles choisiront pour pondre leurs œufs. Comme tout grand papillon de nuit qui se respecte, une fois fécondée, la femelle partira à la recherche d’arbres de la forêt ou du verger :
- Hêtre
- Frêne
- Saules
- Châtaignier
- Peupliers
- Aubépine
- Pommier
- Prunelier
- Pêcher
- Prunier
- Noisetier,
- etc.
La larve va atteindre sa maturité après plusieurs mues qui mèneront la chenille à atteindre une longueur de 10 à 12 cm. Sa croissance durera un peu plus de 30 jours pour enclencher le stade nymphal.
Comment la femelle attire le mâle ?
Étant donné que le paon de nuit ne s’alimente pas (pas d’organe suceur) à l’état d’imago, il peut effectivement se poser la question de la méthode d’attraction utilisée par cette espèce. Pour ces lépidoptères, la femelle libère une phéromone qui agit comme un point de rendez-vous pour l’espèce. Lâchés aux 4 vents, les mâles peuvent détecter de loin cet élément chimique. Ils se mettent alors à remonter à la source de l’émission. Une fois localisée, si la femelle est disponible, l’accouplement aura lieu et elle pourra pondre ses œufs.
Durée de vie
Vivant sur les réserves accumulées durant la phase larvaire, ce grand papillon de nuit a une durée de vie courte, de l’ordre d’une semaine. Il ne s’alimente pas durant la phase imago.
Le grand paon de nuit en Ile de France
Il arrive parfois que ce grand papillon de nuit se montre en région parisienne. Les plantes hôtes étant présentes, on ne devrait pas s’étonner de découvrir en plein jour cette espèce de bombyx. Il est noté de temps à autre sur les départements de la grande couronne (95, 78, 91, 77). Cependant, il n’est pas commun et reste relativement rare en Ile de France. Sur le site Faune Ile de France, il est fait mention de 8 observations en 2019 sur la région.
Signification du nom vernaculaire
Le nom vernaculaire est le nom commun donné ici à l’insecte. Le qualificatif paon de nuit se rapporte aux ocelles des ailes qui rappellent ceux de l’oiseau du même nom qui lorsqu’il fait la roue dévoile une centaine d’ocelles.
En avez-vous vu en région parisienne ?
J’ai vu cette belle chenille hier aux abords du lac de Vert le Petit. Magnifique !!!!
J’ai croisé hier la route de sa chenille qui traversait avec insouciance une allée du Domaine de Versailles … je l’ai délicatement déplacée pour lui éviter un éventuel écrasement !
J’ai croisé la grosse chenille verte et je l’ai déplacé. C’était au parc Georges Valbon (93).
Magnifique,merci de partager tes découvertes.
A.M.
Bonjour Djamal,
Merci pour les photos et le texte très intéressant.
Je n’ai jamais pu observer ce papillon, même si je connaissais son nom, et à quoi il ressemblait.
Tous les arbres hôtes sont plus au nord de Toulon. C’en est sans doute la raison.
Bonne semaine !
Amicalement.
Brigitte.
Hello Brigitte,
Étant donné la diète des imagos, effectivement ils ne doivent pas s’éloigner trop de leur lieu de naissance.
Cdlt
Bonjour Djamal,
Superbe paillon! Je l’ai vu une fois dessiné dans les vieux livres, il y a longtemps, mais jamais en vrai. Il ressemble un peu a un ancien papillon introduit en France au début du 20e siecle. Le Bombyx..
J’ai vu par ainsi une fois un Bombyx de l’ailanthe sur Arbre asiatique invasif, dit vernis du japon qui sont envahis par un parasite: une chenille et un papillon dits « Cymbia cynthia. Peut être que la solution serait-elle d’introduire ses voraces chenilles et superbes papillons contre l’ailanthe(?)
Mais je m’égare… hem… désolé. En tout cas, Merci Djamal pour ces Superbes photos et le commentaire instructif.
Merci encore Djamal
Jean
oui j’ai déjà rencontré le grand paon de nuit, malheureusement mort sur un trottoir, il y a bien 50 ans. Je n’en ai ai jamais revu. Merci de cette rubrique si intéressante.