Le Moro sphinx (Macroglossum Stellatarum) appelé aussi Sphinx Colibri est un papillon de jour spécial. De la famille des Sphingidés et de la sous famille des Macroglossinae, il fait partie de ces lépidoptères qui butinent les fleurs sans se poser. Ce papillon migrateur est un concentré d’énergie. Il vient se montrer l’été en forêt de Fontainebleau (Seine-et-Marne) pour notre plus grand bonheur.
Description
Cette espèce est un des plus petits représentants de la famille des Sphingidae. Nous sommes devant un papillon diurne à la teinte marron gris avec les ailes postérieures de couleur orange. L’extrémité de son abdomen est noir bordé de pinceaux de poils noirs et blancs. Cette sorte de queue lui sert de gouvernail lors de ses déplacements aériens. L’imago a une envergure de 4 à 5 cm pour une longueur de 3 cm environ. Sa longue trompe de 3 cm lui sert à visiter les fleurs lui donnant du nectar. Sa dépense d’énergie est importante. Ce qui l’oblige à visiter beaucoup de plantes nectarifères pour recharger ses batteries.
Habitat
Dans les différents secteurs du massif forestier de Fontainebleau, j’ai noté que ce lépidoptère fréquente les pelouses fleuries avec de la sauge des prés, la vipérine, l’origan sauvage. Les buissons fleuris sont attractifs comme les plantes d’ornement des jardins de particuliers. Les pots de fleurs sont inspectés. Les imagos butines les pétunias, les phlox, les géraniums. Il apprécie aussi le buddleia comme beaucoup d’autres papillons.
Reproduction et plante hôte
En Île-de-France, les accouplements sont rarement observés. Cela est normal, car le mimétisme de l’insecte le protège des regards indiscrets. Ceci dit, les femelles viennent régulièrement déposer leurs œufs sur une de leur plante hôte, dans mon jardin. Cette régularité me permet de voir comment s’accomplit une partie du cycle de reproduction de l’espèce.
Depuis longtemps, j’ai repéré sur quelle plante vivace la femelle s’arrêtait pour pondre en milieu naturel. Il s’agit souvent du gaillet blanc (Galium album) ! Du coup, j’en ai planté à plusieurs endroits du jardin. Au cours des années, cette plantation m’a permis de voir les pontes, de suivre l’évolution des chenilles aux différents stades.
Période de vol
La période de présence ou de vol correspond au moment de l’année où l’on note les premiers individus et les derniers. En ce qui me concerne, la date la plus précoce se situe courant mars (période variable en fonction du type de saison, humide ou froide). La plus tardive est courant octobre en Seine-et-Marne.
La nature étant parfois curieuse, je crois fortement que les chrysalides du moro sphinx ne passent pas les hivers rigoureux. Ce qui sous-entend que les papillons vus en limite nord de la France (au-dessus de la Loire et peut-être un peu plus bas) au début du printemps sont des migrateurs venus des régions méditerranéennes.
Particularités du Sphinx Colibri
On l’appelle Sphinx Colibri à cause de la similarité existante entre l’oiseau et le papillon. Tous les deux ont une fréquence de battement d’ailes hallucinante. Pour réaliser le vol stationnaire devant une vipérine ou une centaurée, notre papillon doit pouvoir actionner ses ailes entre 50 et 70 fois par seconde. Ce vol vibré autorise toute sorte d’acrobatie aérienne. Le moro sphinx peut faire du vol stationnaire, une marche arrière, partir comme une fusée. Et puis, contrairement à d’autres de son espèce comme le sphinx gazé ou le sphinx bourdon, il ne pose pas de pattes sur la fleur pour butiner. Il se contente de l’approcher trompe déroulée !
Et puis, cette surprenante aptitude lui permet des déplacements ultras rapides pour un papillon de cette taille. En effet, ce macroglosse peut atteindre les 55 km/h en pointe, soit 15 m/s. Reconnaissez que ce petit animal est étonnant !
Comment attirer le moro sphinx au jardin ?
Pour arriver à fidéliser le passage de cet as des airs dans mon jardin, j’ai dû faire quelques observations comme je l’ai indiqué plus haut. Étant donné la faible surface disponible, j’ai laissé un carré de verdure poussé librement. J’y ai ajouté une racine de gaillet blanc en espérant qu’elle intéresse un jour cette espèce. J’ai été comblé plusieurs années de suite voyant la femelle déposer un à un ses œufs. En 2017, j’ai observé une dizaine de chenilles à différents stades larvaires.
Ainsi, toutes les photos de moro sphinx de cet article ont été réalisées chez moi. Ce fut pour moi, une belle récompense !
Cette espèce de sphinx a tendance à se raréfier comme beaucoup d’autres. Les changements climatiques, les pesticides et autres interventions humaines y sont pour quelque chose. Alors, si vous avez de la place dans votre jardin et que l’observation des papillons vous intéresse, n’hésitez pas à le modifier. Ne mettez pas de produits chimiques, la nature vous le rendra. Vous verrez se transformer votre domaine en sanctuaire de la nature.
Avez-vous une idée des espèces de Sphinx présentes en forêt de Fontainebleau ? Si vous souhaitez avoir la réponse, le lien juste avant y répondra.
Bonjour cette année j’ai pu observé dans mon jardin ce magnifique insecte pour la 1ère fois. Il faut dire que j’habite dans le pas de calais , j’étais très surpris et amusée
Intéressant, complet, passionnant, bravo Djamal pour ce travail remarquable et sérieux ! Nous avons les mêmes pensées et objectifs, offrir à la nature un coin de notre jardin où les habitants visiteurs trouveront repos et la table bio à leur disposition, et ainsi, ils nous permettront de les découvrir avec un oeil toujours émerveillé… d’observateur tranquille et inoffensif,… complètement curieux et amoureux de ce qu’il partage, et de l’instant présent… ! Merci Djamal, pour tes images, tes textes d’une belle écriture, sans faute, construits, intelligents, à la démarche scientifique, (descriptions et moeurs précises), ta vision de la nature… et la présentation de ton blog… : j’adore ! C’est pour tout cela que je t’ai demandé en ami. Merci d’avoir accepté ! (75 espèces à ce jour dans mes 42 m²… de jardin un biotope sans chimie… biotope qui se complète… et se protège… en conviant les insectes, reptiles, et araignées utiles pour dévorer la vermine des cochenilles, pucerons, thrips, moustiques, punaises et autres parasites… , et je ne compte pas en rester là question quantité d’espèces végétales ! :lol Ton sphinx ne s’enterrerait-il pas comme le font les larves des cigales pour passer l’hiver, durant des années, … avant qu’elles ne deviennent l’adulte que nous connaissons tous, et chantant tout l’été pour une saison ? C’est une question… je sais qu’il y a des papillons qui migrent du nord au sud de l’Amérique… et ce chaque année : étonnant de savoir que ces un ou deux grammes de vie luttent contre les intempéries dévastatrices pour rejoindre, d’un point à l’autre du continent, les espèces qu’ils pollinisent… ! Pour moi, la Nature est un émerveillement permanent et cela me rend profondément heureuse de pouvoir la contempler et la comprendre… mais le sujet est si vaste que toute une vie, fusse-t-elle d’études, n’y suffirait pas… nous en sommes encore qu’aux débuts des connaissances ! Quel plaisir l’observation durant tout l’été des bals de guêpes, abeilles, oui, même en ville, bourdons, coccinelles, et papillons venus butiner et polliniser les fleurs mises à leurs dispositions…, et des tourterelles quémandant leurs pitances avec assiduité, puisque je ne les nourris que lorsqu’il fait froid… et qu’elles avaient des céréales à leur disposition sur pieds, mais qu’il fallait se servir… et non se faire servir : non mais … ! En plus des effluves parfumées qui, avec bonheur, embaumaient dans la soirée ! Bonne continuation, et bonnes photos à toi !!! Bises… MERCI :p2 :p7 😉