Qui ne connait pas le sanglier sauvage (Sus scrofa) suivi de ses marcassins, vous savez, les petits cochons rayés ? Ce mammifère musclé en impose par sa force et sa vitalité. Chassées en de nombreux endroits, pour des questions de régulations ou pour d’autres raisons, ses populations s’accommodent de la transformation de ses habitats. En forêt de Fontainebleau, il trouve encore des lieux de repos dans les parcelles de fourrés. Faisons le point sur cet animal au caractère bien trempé.
La bête noire
Je n’ai pas choisi ce titre au hasard, car figurez-vous que Sus scrofa représente pour les automobilistes un risque d’accident. Parmi mes proches, plusieurs m’ont raconté des incidents sur la route ayant pour cause la traversée d’un animal, dont la bête noire. La cohabitation avec la nature est toujours au détriment des animaux.
Prenons l’exemple de la forêt de Fontainebleau. Ce massif extraordinaire est traversé par des dizaines de routes et par l’autoroute A6 (autoroute du soleil). Le second point est la ville même de Fontainebleau qui est situé quasiment au milieu de la forêt. Complétez ce tableau par toutes les communes limitrophes comme Bois le Roi, Samois sur Seine, Barbizon, Recloses, Bourron Marlotte ou Montigny sur Loing. Après, on ne doit pas s’étonner que ces cochons sauvages opportunistes trainent à la lisière du massif et fassent des incursions en ville. Récemment encore, les journaux locaux parlaient des dégâts causés par ces bêtes, dans certains quartiers de Fontainebleau.
Fort de ces différents points, peut-on espérer éviter les accidents automobiles avec le sanglier ? De mon point de vue, cela me semble compliqué, car les animaux sont libres de leur déplacement. Ce constat me permet juste de vous montrer que les sangliers sont aussi victimes de l’histoire de la région et de son développement. Encore aujourd’hui, des plans de chasse annuels visent à limiter leur prolifération. Selon l’ONF, les jeunes pousses d’arbres et les jardins des particuliers, limitrophes au massif boisé, sont régulièrement visités.
Est-ce pour autant la bête noire (ou d’ailleurs bête rousse) comme on voudrait nous la présenter ? Voyons cela dans la suite de l’article.
Gros sanglier, laie et marcassins
Animal nocturne, le sanglier commence sa ‘journée’ en fin d’après-midi. Il sort de sa cachette et se détend. À l’abri des regards, il dort souvent sous un buisson . Les hautes herbes et les épineux est un gîte de choix. Sûr de n’être pas dérangé, il peut se prélasser paisiblement. Il m’est arrivé plusieurs fois de traverser une parcelle de buissons pour m’éviter un détour et de réveiller un gros sanglier peu aimable. Il grogne, hume l’air et déguerpit droit devant sans demander son reste. Je ne sais pas lequel des deux a été le plus surpris, d’autant que je n’étais qu’à quelques mètres de lui quand il est parti !
Mes rencontres avec le sanglier ont presque toujours été fortuites, ce qui explique que mes images ont été réalisées à la volée. Parmi tous les rendez-vous vécus jusque là, je m’en souviens d’un qui m’a marqué. Il y a une quinzaine d’années, j’avais repéré dans une parcelle de régénération la présence d’une harde de sangliers. Dans cette compagnie se trouvaient les bébés d’une femelle. Les marcassins (des préados) dans leur tenue bicolore mangeaient des glands, sous un chêne. Je ne parvenais pas à avoir un angle de prise de vue satisfaisant. Discrètement, je tentais une approche à petits pas. Une branche craqua sur le passage de mon pied et la compagnie de sangliers s’éloigna au petit trop, dommage !
Quelques minutes plus tard, je repérais du bruit dans les fougères. Je ne voyais pas, mais j’entendais les bruits caractéristiques des cochons sauvages. Ils faisaient des bouttis (sol retourné) à la recherche de racines et de vers. Je refaisais une nouvelle approche sans voir la distance qui me séparait d’eux. Ma tentative ne dura que quelques secondes quand la laie se rendit compte de ma proximité. J’ai vu à ce moment-là, les fougères bougées dans tous les sens et j’ai entendu un galop qui se dirigeait vers moi. Là pas de doute, c’était une charge de sanglier dans les règles de l’art. J’étais trop près et je devais partir ! Ce que j’ai fait promptement sans demander mon reste…
La livrée des marcassins est intéressante en terme de mimétisme. Un pelage caramel flanqué de lignes blanches longitudinales leur confère un excellent camouflage naturel. Il m’est arrivé d’en voir un couché. Il a attendu un peu et s’est éclipsé. Si vous en trouvez un, surtout laissez-le, ne le touchez pas. Il est fort possible que la mère le surveille à distance. Il ne faudrait pas que vous soyez obligé de courir pour vous épargner la colère de la laie.
Informations sur le sanglier
Ce cochon sauvage est un mammifère grégaire qui vit en compagnie. Les groupes peuvent être constitués de 4 à plus de 20 individus comprenant des laies et des jeunes de l’année. Les mâles adultes sont solitaires. Selon l’âge de la bête, on lui donne des noms différents. Les nouveau-nés sont appelés des marcassins. Quand le pelage vire au brun juste à la sortie de l’adolescence, on l’appelle la bête rousse (voir ci-dessous), on distingue le reliquat des bandes claires. Quant à l’adulte, on le qualifie de bête noire. Bien d’autres expressions lui sont attribuées par les chasseurs en fonction de son âge.
Le poids maximum d’un sanglier s’établit autour de 150 kilos. En forêt de Fontainebleau, vu la pression de chasse, les mâles et les femelles ne doivent pas dépasser les 100 kilos. La reproduction débute en automne et se poursuit en hiver, soit du mois d’octobre à janvier. Il convient cependant de noter qu’en fonction des conditions climatiques (douces) et des réserves alimentaires disponibles, ces cycles peuvent être modifiés. Il m’est arrivé de voir des marcassins en plein hiver ! Donc, méfiance quant aux observations relatées dans les livres et sur les sites internet.
La laie donne naissance jusqu’à 10 petits sangliers après une gestation d’un peu plus de 3 mois. Ils voient le jour dans une petite dépression du sol appelée chaudron, creusée par la femelle. La mère les allaite pendant plusieurs mois.
Lors de son repos, les animaux utilisent une bauge. Ce terme représente le gîte qu’aménage l’animal. On retrouve des traces de leurs passages au bord des mares lorsque l’on observe des pataugeoires boueuses laissées par nos cochons sauvages. Leurs empreintes et les traces de boues sur le bas des arbres indiquent que le lieu est fréquenté.
Son alimentation est composée de racine, de bulbes, de vers, d’insectes, de jeunes pousses d’arbres, de glands, de châtaignes, de faines, noix, céréales, larves, champignons, etc. Omnivore, il mange aussi de la viande lorsqu’il trouve un cadavre d’oiseau ou de mammifère.
Pour aller plus loin
Voici un lien vers une Fiche descriptive du cochon sauvage.