Raton laveur (Procyon lotor) - Animal exotique d'Ile de France

15 espèces invasives en Ile de France

Vous entendez parler régulièrement d’espèces invasives en Ile de France dans les journaux télévisés ou dans la presse écrite. Mais qu’en est-il de ces animaux exotiques en France ? Leur nombre d’espèces introduites volontairement ou pas augmente régulièrement. La communauté scientifique s’en inquiète. Ces bêtes ou plantes font parfois partie de notre quotidien un peu partout sur le territoire. Cependant, leur progression et leur nombre nous amènent à nous poser un certain nombre de questions concernant la conséquence sur l’équilibre des écosystèmes dans lesquels ils évoluent.

Quand a commencé l’observation des espèces invasives ?

Selon L’ONB (Observatoire national de la biodiversité), les relevés statistiques et les premières constatations de terrain remontent à la fin des années 40. Ils considèrent que la France Métropolitaine récupère environ 6 espèces nouvelles tous les 10 ans. Les espèces végétales (flore introduite de manière involontaire ou pas) sont un des éléments de cette liste. Vous trouverez une cartographie double représentant l’évolution du nombre d’espèces d’animaux et de plantes exotiques en France sur des périodes de 38 ans (1949-1978 et 1979-2018). En moins de 40 ans, il est un fait que la propagation va à bon train. De plus, la plupart de nouveaux venus se portent bien sous nos latitudes.

 

D’ailleurs, l’Union européenne a publié au mois d’août 2019 une liste de 66 animaux et plantes invasifs (10 plantes aquatiques, 26 plantes terrestres, 8 espèces d’invertébrés, 4 espèces de poissons, 2 reptiles et amphibiens, 5 espèces d’oiseaux, 11 espèces de mammifères). Ces chiffres sont une photographie du moment. Chaque année, des espèces sont ajoutées à cette liste. Je suis même surpris que le silure (très gros poisson-chat) ne fasse pas partie des poissons pouvant nuire à la biodiversité locale.

Liste de 15 animaux invasifs présents en Ile de France

Certains emploient le terme animal envahissant ou invasif qui est applicable lorsque plusieurs critères sont remplis. Par exemple, si l’espèce animale s’est bien adaptée à son nouveau territoire, qu’il se reproduit plus vite ou plus longtemps que les espèces locales, il y a déjà un faisceau d’indices.

 

Écureuil de Corée genre Tamia - Espèces invasives d'Ile de France
Écureuil de Corée genre Tamia

 

Ensuite, si la niche écologique des espèces locales est mise à mal par l’agressivité des nouveaux venus, autrement dit si leur présence contraint les hôtes habituels à partir, cela rajoute un stress naturel de plus. En outre, si ces dites espèces invasives se débarrassent des gêneurs en les mangeant/les tuant ou s’ils appauvrissent tellement le milieu naturel que la biodiversité disparait, là ce ne sont plus des indices, mais une confirmation du caractère invasif. Je pourrais ajouter aussi l’animal qui en modifiant son milieu crée des dégâts.

Ainsi, voici la liste des bêtes qui rentrent plus ou moins dans ces cases et qui évoluent dans certains départements de la petite et la grande couronne, en Ile de France.

Que reproche-t-on à ces bêtes ?

Les critiques notées ici et là dans la presse ou dans les médias portent sur les impacts négatifs pour l’environnement ou pour nous les humains (habitants des villes ou des campagnes). Je dirais que ces bêtes sont à classer dans 4 catégories.

La première catégorie d’espèces invasives est discrète, car peu visible par le quidam. Elle est souvent de petite taille et paraît aux yeux de tous comme sans danger pour nous (ne pique pas, ne transmet pas de maladie, semble avoir peu d’effet sur la biodiversité locale). La seconde catégorie est celle dont tout le monde parle à cause des effets immédiats sur l’économie, sur la sécurité des gens ou sur l’impact sur la biodiversité. La troisième catégorie est un mix des 2 premières, car elle est plus sournoise. C’est celle dont on ne se méfie pas assez, car invisible (perche soleil, silure, écrevisse rouge) et qui néanmoins bouleverse profondément la nature du milieu par leur présence. Et puis, voici dans le paysage francilien le raton laveur, la perruche à collier et le moustique tigre avec lesquels il faut maintenant compter.

Quelques exemples notables

La première catégorie est composée du Brun du pélargonium, un papillon qui a fait son apparition en France dans les années 90. La chenille se nourrit principalement de géranium en pot. Chaque année ce papillon de jour est observé en Ile de France. Sur le lien, vous constaterez la présence du petit papillon sur Paris et la banlieue ouest. On peut ajouter les jolies coccinelles asiatiques qui ont l’air inoffensives. Elles sont néanmoins porteuses saines de champignons parasites de type microsporidies qui nuisent aux coccinelles locales.

Dans cette division, la place écologique prise par ces animaux a une conséquence sur le milieu dans lequel ils évoluent. Ainsi, si je vous dis frelons asiatiques, surnommés les tueuses d’abeilles, nous imaginons très bien les conséquences économiques pour les apiculteurs et même pour la sécurité des personnes. J’en ai observé en forêt de Fontainebleau et sur la périphérie, jusque dans mon jardin !

Que dire du papillon appelé la pyrale du buis. Certaines régions de France sont infestées ! J’ai vu des haies de buis dévastées par les chenilles de cet insecte. Elles sont arrivées avec des plantes d’ornement d’Asie dans les années 2000. Vous remarquerez que souvent les soucis commencent avec l’import de plantes tropicales.

Pourquoi ne pas planter et cultiver les fleurs, les plantes vivaces de nos contrées et offrir aux insectes, aux oiseaux un environnement sain et naturel ?

 

Nid de frelon asiatique - Espèces invasives d'Ile de France
Nid de frelon asiatique

 

À la troisième place, nos regards se tournent vers les animaux aquatiques. Moins visibles, car vivant dans les rivières, lacs et étangs, ces bestioles des zones humides se reproduisent en toute quiétude. Quand on voit une photo d’un pêcheur à Héricy (77 850) qui sort un silure monstrueux, on s’interroge…

Enfin, les nouveaux venus qui vont donner un peu plus d’exotisme aux Seine et Marnais, mais aussi aux Parisiens en général. Je pense notamment au raton laveur qui est en pleine dispersion à partir des départements de l’Aisne (02) et de la Marne (51). Voici une carte de la répartition du raton laveur en France en 2014. Plus insidieux, le moustique tigre est présent en Seine et Marne. Voici la carte de répartition en 2020 d’Aedes albopictus en Ile de France et en province.

La flore invasive

Pour des soucis de simplicité, je n’aborde pas les plantes exotiques naturalisées implantées sur le territoire et qui poussent un peu partout. Vous seriez surpris de découvrir toutes les variétés de fleurs, d’herbes sauvages, d’arbustes implantés sur tous types d’habitats et faisant partie de notre quotidien.

En forêt de Fontainebleau, je connais des endroits où pousse l’Ailante (Ailanthus altissima) un arbre à croissance rapide originaire de Chine. Arrivé comme arbre d’ornement depuis longtemps, il fait partie des plantes naturalisées et tend à pousser bien plus vite que les espèces locales. Par exemple, sur le bord des voies de la gare de Lyon à Paris s’épanouit cette plante de la famille des Simaroubacées ! Je me rappelle aussi avoir vu un documentaire sur la berce du Caucase et son expansion partout où elle est implantée.

Un des plus plébiscités est le Buddléia appelé arbre à papillons. Si certaines comme cette dernière est un relais apprécié des insectes, d’autres colonisent avec vigueur des biotopes sains et pas toujours avec bénéfice. Pourquoi dis-je cela ? En région parisienne poussent des plantes en voie d’extinction régionale. Des plantes dont nous n’avons aucune idée de leur existence, car elles poussent avec contraintes dans un environnement particulier. Alors que les plantes non indigènes ont souvent la capacité de se propager dans des sols pauvres ou dans des conditions climatiques plus rudes, ce qui n’est pas toujours à l’avantage des plantes indigènes.

Que nous réserve l’avenir ?

Ainsi, ce dossier est loin d’être clos, car on découvre tous les ans de nouvelles espèces invasives sur notre territoire. Entre l’action maladroite de l’homme et la reconquête de la nature de certains animaux comme le loup d’Europe, les mois et les années à venir nous réservent des surprises. Certaines sont préoccupantes et d’autres pas ! Mais ce qui est sûr, c’est que nous devons nous y préparer…

Pour obtenir plus d’informations sur la question, je vous invite à consulter ces articles traitant du sujet : Espèces invasives en France

 


					
									

3 commentaires

  1. Bonjour Djamal,
    Ta page nous questionne : nous avons déjà expérimenté l’expansion d’espèces invasives dans le milieu naturel.
    La caulerpa taxifolia étouffe les milieux marins car elle se propage dans les champs de posidonies. qui sont un des poumons de la mer..
    Tous les milieux sont touchés. Le boomrang en étonnera plus d’un… à jouer les apprentis sorciers…
    Les flux commerciaux transportent graines et animaux.
    Pauvre Terre !
    Cordialement.
    Bonne semaine !
    Brigitte.

  2. Bonjour Djamal,

    Tout d’abord meilleurs vœux pour la nouvelle année qui arrive et pleins de réjouissantes contemplations, voire de découvertes !

    Ensuite, mille mercis pour votre blog passionnant et très instructif sur la riche forêt de Fontainebleau, si fragile…

    Bien cordialement,

    Christine

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