Sauvegarder la biodiversité au jardin constitue notre contribution au maintien de la richesse animale. Cette prise de conscience peut à court et moyen terme rendre nos espaces de détentes que sont les jardins, des ilots de refuges de nombreuses espèces animales.
Mais derrière ces belles phrases, que peut-on réaliser concrètement ? Comment faut-il s’organiser pour conserver un écosystème au jardin ? Je vais vous proposer un certain nombre de petites actions qui mises bout à bout peuvent créer des mini réserves propices à la vie. Et puis, qu’est ce qu’il faudrait éviter de faire pour construire votre zone refuge.
Le poison du jardin
Les jardineries vendent aux particuliers chaque année les produits phytosanitaires qui leur permettront de se débarrasser des hôtes ennuyeux, que ce soit des insectes ou des ‘mauvaises herbes’. Sans en avoir forcément conscience, leur utilisation aseptise le sol pour des années.
Par exemple, quand on voit une pelouse uniforme, sans fleurs, telle une moquette, on se dit que la surface est bien entretenue. La tonte à quelques centimètres du sol réduit toute tentative de pousse. Probablement, quelques produits chimiques ont été utilisés pour restreindre les mousses ou les herbes sauvages. De cette façon, elle ne contribue pas à la biodiversité, car elle offre un intérêt très limité pour les insectes et les oiseaux.
À bien y regarder, ne pourrait-on pas aborder les choses de manière différentes ?
Sans forcément fabriquer une jungle d’herbes folles, il est possible de travailler notre environnement proche d’une manière plus naturelle. Tout d’abord l’arrêt de pesticide (et insecticide) en tout genre présente une série d’avantages.
- La terre se régénère à l’aide des micro-organismes présents.
- Le sol ne se trouve pas à nu lorsque les herbes ont succombé.
- Il y a moins de risques pour la santé.
- Vous évitez de polluer les eaux comme les nappes phréatiques ou les rivières.
- C’est aussi une façon d’envoyer un signal aux industriels du secteur.
Pour vous aider à étudier quelques solutions à tête reposée, je place un lien ci-dessous à lire attentivement.
Depuis quelques années, je jardine bio sans produit chimique. Au début, comme beaucoup, dès que j’avais un problème, je filais à la jardinerie pour acheter le produit qui résoudrait mon problème. Mais une fois que je me suis rendu compte, que je stérilisais le sol et que je détruisais les auxiliaires du jardin directement ou indirectement, j’ai décidé de m’en séparer pour agir autrement. Voici des suggestions que vous pouvez facilement appliquer, vous aussi.
Une tonte partielle ou dissociée
Il y a quelques années, je me suis rendu compte au retour de vacances que ma pelouse avait pris de la hauteur. Ici et là, des pâquerettes avaient fleuri par zones. D’autres herbes sauvages avaient également proliféré autour du bassin extérieur. Bref, j’étais dans une prairie sauvage. Personnellement, cela me plaisait ! Mais au sein de la famille, cela ne faisait pas consensus. Donc, j’ai sorti la tondeuse pour tout couper. Avant de me lancer, je me suis demandé si je pouvais trouver un compromis avec mes proches.
En observant le parterre, j’ai imaginé de laisser pousser des îlots d’herbes et de tondre autour. Trouvant l’idée intéressante sur le plan de la biodiversité, j’ai appliqué cette idée à l’ensemble du jardin. Une fois terminé, cela ressemblait à un jardin d’agrément balisé par un chemin d’herbe bien tondu qui serpentait autour de la mare et de la rocaille. Et figurez-vous que cet aménagement ‘expérimental’ a plu à tout le monde. L’idée était de créer des zones de biodiversité au jardin en permettant aux insectes de vivre en toute quiétude.
Le résultat de cette manière de faire est que j’ai eu une augmentation de la fréquentation d’abeilles et de bourdons en tout genre. J’abrite une petite population de criquets, de sauterelles qui trouvent des recoins où se cacher. Les papillons en profitent pour visiter les carottes sauvages que j’ai laissées poussées. Outre, le coup de pouce à l’écosystème du jardin, j’ai apporté une originalité qui pousse tout mes invités à visiter cette prairie naturelle faite de fleurs sauvages, donc propice à la vie animale.
Voici une liste d’actions qui amoindrissent la biodiversité du jardin. Chacune, dans leur domaine, réduit les échanges de bons procédés entre la nature et l’homme. Pour chaque remarque, demandez-vous si vous pouvez améliorer, contribuer ou changer votre manière de jardiner. Noter que la nature n’attend qu’un geste (ou plusieurs) de notre part pour faire son retour et vous donner le sourire.
1 – plantation arbuste exotique
2 – pesticide
3 – tonte trop courte
4 – arrachage herbes sauvages
5 – pas de branchage au sol
6 – pas de compostage
7 – pas de nichoir au printemps
8 – pas de mangeoire en hiver
9 – pas de bassin
10 – pas de plants indigènes en jardinerie
11 – méconnaissance de la flore locale
12 – méconnaissance dépendance entre insectes et flore
Utiliser des plantes locales
De mon point de vue, l’offre de plantes des jardineries et des pépinières manque cruellement d’engagement en faveur des plantes indigènes. Un tour des magasins de la région de Melun et vous vous rendrez compte que l’exotisme est partout. Pratiquement tout ce que l’on plante comme haies et buissons n’ont rien de local. Vous voulez des exemples ?
Si je vous dis thuya, laurier (cerise, palme, du Caucase), forsythia, bambou, oranger du Mexique, cotonéaster, est-ce que cela vous parle ? Il y a encore plusieurs centaines d’espèces prêtes à prendre possession de votre jardin. Même, si certaines plantes sont utiles comme le thuya pour isoler et faire un cache vu, les autres espèces ne devraient pas occuper l’intégralité de votre tapis vert. Pourquoi cela, me direz-vous ?
D’un point de vue naturaliste, il faut comprendre que des interactions s’établissent entre ce que vous plantez et ce que les animaux recherchent. Si les plantes sont inconnues pour insectes et oiseaux, ils auront peu d’intérêts à venir vous voir et à y rester. Alors qu’une haie qui produit des baies comestibles attirera les merles et les grives.
Le principe est le même pour les fleurs sauvages. Celles-ci, en plus de servir de station-service pour les papillons, les bourdons, les abeilles et autres petits pollinisateurs, elles offrent aux oiseaux granivores de la nourriture à la fin de l’été.
La diversité de végétation fournira un stock de nourriture aux oiseaux insectivores comme le rougequeue ou même le rouge-gorge. Cette production locale de plantes sauvages entraînera un mécanisme vertueux en faveur de la nature. Vous serez éblouis par ce qui peut se passer sous vos fenêtres. Vous n’imaginez même pas le nombre d’espèces d’oiseaux qui peuvent visiter votre jardin !
Quelles plantes locales dans son jardin ?
La plus grande difficulté est de trouver où se procurer ces plantes indigènes. La méthode la plus naturelle consiste à laisser pousser les ‘mauvaises herbes’ et faire un état des espèces présentes. Pour cela, aidez-vous d’un guide de fleurs sauvages pour découvrir leurs noms et leurs spécificités. Avec la tonte sélective, vous conservez des surfaces de pousse pour établir votre inventaire. Vous serez probablement étonné par le résultat.
Sinon, une simple promenade dans la nature autour de votre habitation vous donnera un aperçu des plantes de l’écosystème local. C’est un bon moyen de composer son ‘bouquet de plantations’.
Pour aller plus loin dans le processus de reconversion de votre jardin traitée en refuge naturel bio, je vous conseille de lire cet article que j’avais écrit à propos des fleurs mellifères qui fournissent du nectar aux insectes. Vous trouverez aussi un lien vers un le jardin de Sauveterre, un site internet qui fournit de la semence sur quantité de plantes sauvages.
En fonction de l’acidité du sol (pH), certaines espèces se plairont plus que d’autres. C’est un aspect à prendre en compte si rien ne pousse après avoir respecté toutes les étapes précédentes.
En forêt de Fontainebleau, pendant 8 mois, les plantes à fleurs se succèdent joyeusement. Quatre grandes familles de couleurs se détachent. Les fleurs jaunes, les fleurs bleues, les fleurs roses/mauves et les fleurs blanches. Il y a celles qui se plaisent dans les sous-bois comme les anémones, les jonquilles, les jacinthes des bois. D’autres préfèrent les biotopes ouverts comme les orchidées, les mauves, les vipérines. Et puis, la végétation des sols plus acides comme la bruyère et la callune.
La même réflexion s’applique aux haies. Il vous faut rechercher les haies rustiques indigènes qui trouveront grâce auprès de la faune locale et des espèces migratrices.
Comment attirer les insectes pollinisateurs ?
Avant de répondre à cette question, dites-vous bien que si vous cultivez un potager, la présence de fleurs indigènes ne pourra qu’être bénéfique à votre production de légumes. Mais revenons à la question de faire venir les insectes pollinisateurs. Je vous propose un panel de fleurs qui feront de votre jardin la Tour d’Argent pour pollinisateurs.
Avec cette sélection, vous aurez de la couleur, des formes et surtout de la rusticité. Voici 7 plantes à fleurs à planter dans votre jardin :
- Fenouil
- Marjolaine (origan)
- Eupatoire
- Menthe
- Mauve sylvestre
- Pissenlit
- Lavande
Un trio pour la biodiversité au jardin
Pour développer la biodiversité au jardin avec un écosystème en place, il reste quelques étapes. Pour y parvenir, l’aménagement d’un tas de bois au sol permettra aux batraciens, amphibiens de s’y réfugier. Les fagots de branches offrent un abri douillet pour quantité de petits animaux. Si vous avez un noisetier à tailler par exemple, conservez les branches et déposez-les dans un recoin.
Le second point est la pose d’un ou de plusieurs nichoirs. Sachez qu’il y en a de plusieurs types. Celui de la mésange est différent du nichoir du rouge-gorge ou du rougequeue noir. Le diamètre du trou compte en fonction des espèces de la région. La taille de l’ouverture est plus ou moins marquée en fonction du mode de nidification.
Le dernier point est celui qui demande le plus de travail. Il s’agit du bassin ! Ce n’est pas une nécessité absolue si vous disposez de récipients d’eau que les oiseaux utilisent. Mais, cette pièce d’eau peut attirer des crapauds, des grenouilles rousses à la recherche d’un lieu de ponte.
Avoir ces précieux auxiliaires chez soi est une bonne chose pour vos cultures. Ce fameux cercle vertueux est complété par la pose d’un bassin. Ayant une petite surface (< à 300 m²), j’ai opté pour un bassin préformé de 250 litres. Voilà maintenant, au moins 10 ans que je l’entretiens. J’ai eu la joie de voir des crapauds, des grenouilles vertes pendant des mois. De grosses libellules font chaque année une halte sur le bassin, à ma plus grande joie.
Ainsi pour donner du poids à la biodiversité au jardin, j’ai laissé une zone de préservation de 60 cm tout autour. Cette bande n’est pas tondue, elle est libre de se développer à sa guise. Je taille à la fin de l’automne, les tiges séchées pour laisser la lumière atteindre les jeunes pousses au printemps suivant. Les musaraignes aiment de balader entre la rocaille et le pourtour du bassin à la recherche de vers.
Cela dépend de vous
Cet article sur la biodiversité au jardin vous a montré qu’avec des gestes écologiques simples vous protégez votre environnement immédiat. Avec un peu de bonne volonté, vous pouvez transformer une pelouse stérile en un jardin d’Eden.
La disparition des insectes est la conséquence de notre manière de voir les choses. Si les industriels n’ont pas intérêt à changer les choses, nous pouvons, nous, refuser de voir notre belle planète devenir un désert écologique. Si chacun partage son espace de vie avec la nature, il en résultera de belles choses.
Vous n’êtes pas convaincu ?
Faites-moi part de votre expérience et de vos réussites. Partager cet article avec d’autres pour trouver de nouvelles solutions. Enfin, soyez assuré que cette démarche vous vaudra de belles surprises.
Bravo, beau travail ! Juste un tilt sur un guide potager de l’asaf qui conseille d’associer patates et aubergines contre le doryphore.. Du lin oui, mais là les cultures seront ravagées !
Merci John pour votre commentaire et votre retour ! 😉
Bonjour,
Quel bel article, je me suis délecté des conseils précieux que vous donnez sur la biodiversité du jardin et les avantages d’utiliser les produits bio ou des méthodes naturelles pour préserver notre petit univers de potagers. Les produits phytosanitaires et chimiques que certains vendeurs présentent comme solution ultime est néfaste non seulement pour notre santé, mais aussi pour l’environnement qui nous entoure. Pourtant, il existe des méthodes naturelles pour se débarrasser de ces bestioles et insectes. Je tiens un blog http://www.bestioles.info/ qui va dans le même sens que vous : privilégier et sauvegarder la nature dans nos jardins…
Bonsoir Djamal
Merci pour vos conseils que j’approuve.
J’ai un jardin dans lequel j’applique un peu dans le même sens. Oui les oiseaux aiment les fagots.
Je laisse la pelouse tondue au sol, laquelle fertilise ce dernier, ainsi pas besoin de mettre d’engrais.
Par contre, les limaces aiment ces coussins humides qui les attirent. Chaque année j’en ai des kilogs que je ramasse et les déporte en forêt.
Plus j’en ramasse et plus il y en a en dépit des essais de cendres, bière, tuiles retournées. Alors après 6 années de ramassage et des sacs gluants j’en ai eu assez. J’ai été obligée d’acheter du Féramol Bio bien que je déteste faire ça. Ouf durant un 2014 où enfin les cosmos n’ont pas été boulottés. Mais, en 2015, les revoici. Mais d’où viennent-elles ainsi, attirées par mon jardin entouré de vieux murs qu’elles adorent pour s’y abriter. Pas toujours aisé d’être en symbiose avec ce que la nature nous donne.
Irène
Bonjour Irène,
Merci pour votre témoignage sur les difficultés du jardinage bio ! Je me suis posé une question simple en rapport avec ces dévoreurs de plantes. Est-ce que si on laisse pousser un peu d’herbes folles, ne leur donnerions-nous pas l’occasion de voir si l’herbe est plus verte ailleurs. C’est peut-être ce que vous faites déjà ! Si ce n’est pas le cas, voilà une occasion d’essayer « d’occuper » ces gastéropodes.
Cordialement
Djamal
Bonjour, pensez à préserver Les limaces léopard (couleur kaki camouflage) qui sont carnassières dévoreuses de limaces rouge
Effectivement, les limaces léopards (Limax maximus) sont omnivores et peuvent aussi s’en prendre aux petites limaces du jardin.
Merci pour cette précision.
Bravo pour ce dossier très complet que je cautionne complètement
Merci, Jean-Paul, pour ce plébiscite ! 😉