La sécheresse de l’été 2018 a provoqué un déficit d’eau en forêt de Fontainebleau. Pendant plus de 3 mois, la pluie s’est faite rare. L’ensoleillement prolongé a profité a chacun d’entre nous puisqu’il nous a permis des activités de loisirs de plein air, des barbecues en famille et un farniente bien mérité. Mais au-delà de cette période caniculaire exceptionnelle en Île-de-France, il y a des conséquences sur la biodiversité. Voyons-en quelques-unes !
Impact du réchauffement climatique sur la faune
Les hausses de températures du début de l’été ont favorisé les nichées d’oiseaux sédentaires et migrateurs. L’abondance d’insectes du moment a été une bénédiction. Ces conditions climatiques ont permis aux parents d’élever une, voir plusieurs nichées. Ainsi, les oisillons ont pu se constituer des réserves de graisse grâce aux insectes. Mais au fur et à mesure que l’été avançait, les points d’eau (mares forestières) se sont asséchés. Tandis que les migrateurs partaient rejoindre leurs zones d’hivernages, les oiseaux sédentaires ont commencé à voir leurs sources de nourritures (insectes volants et vers) se faire plus difficiles à trouver.
Les mares encore en eau sont devenues rares. Courant août, beaucoup ont vu leur niveau baissé drastiquement. Même si les copains à plumes se déplacent plus facilement d’une source d’eau à l’autre, ils ont dû faire quotidiennement des allées et venues près des étangs, des bords de Seine pour s’abreuver.
La faune forestière (cervidés, canidés et autres mustélidés) a aussi été touchée par ce long épisode de sécheresse. De longues marches ont été nécessaires pour se rendre près des points d’eau. Ainsi, même le début de l’automne n’a pas rétabli la situation hydrique des mares à la mi-octobre, puisqu’il n’a toujours pas plu et que les petits plans d’eau sont complètement à sec. En forêt, elles fixent les mammifères sur une zone.
Alors qu’en début d’année, les inondations avaient gorgé les sols, il y avait la promesse d’une exubérance à venir de plantes à fleurs toutes plus utiles les unes que les autres. Comme quoi, rien n’est plus incertain que les variations du climat et les prévisions que l’on en fait.
Conséquences de la sécheresse de l’été 2018 sur la biodiversité
D’autres effets de bords plus discrets ont créé des situations de stress pour les papillons. Le long épisode climatique de cet été a eu des conséquences sur le cycle des papillons. En effet, vers mi-août les fleurs sauvages des prairies étaient cramées par le soleil. La floraison était quasiment terminée. Ils restaient très peu de nourriture à disposition des insectes. J’ai même vu 3 papillons se partager une fleur minuscule. À chaque fois qu’un partait, il était remplacé par un autre.
Heureusement que les bruyères ont pris le relais pour aider les derniers arrivés. En temps normal, les mois d’août et septembre voient apparaitre la dernière génération de papillons diurnes de l’année. Mais les conséquences du réchauffement climatique ont bouleversé l’ordre des choses.
Par rapport aux autres années, j’ai noté 2 à 3 semaines d’avance sur les cycles apparition/disparition des papillons durant l’été.
Outre la disparition précoce de la plupart des espèces de lépidoptères durant la sécheresse de l’été 2018, ce qui est inquiétant c’est la faible proportion de plantes hôtes (nourriture servant aux chenilles des papillons) en état d’accueillir les œufs lors des pontes. Espérons que les pluies à venir permettront de vitaliser les plantes le printemps prochain et que les dégâts sur la biodiversité ne sont pas trop importants.
En ce qui concerne des zones humides, les mares asséchées ont entrainé la mortalité des larves de libellules qui sont strictement aquatiques. En effet, elles passent au moins une année complète sous l’eau à se développer. Seules les grandes libellules ont la faculté de faire des kilomètres pour aller pondre.
Les grenouilles vertes qui normalement s’enfouissent dans la vase en automne devront attendre que les mares soient restaurées avant que le gel fasse son apparition. Les tritons, eux, ont quitté l’élément liquide pour se cacher dans les trous ou sous les souches.
Il faudra probablement plusieurs années de stabilité climatique pour permettre l’épanouissement de la biodiversité. Espérons que le temps le permette !
Qu’est-ce qu’une sécheresse météorologique ?
La sécheresse météorologique est un déficit de pluie sur une longue période. Depuis 1976, date marquante d’une sécheresse sévère en France depuis les années 50, il y a eu de nombreux épisodes de sécheresse. Les principales ont eu lieu en 1985, 1989,1990, 2003, 2005, 2011 et 2018 pour les plus importantes. Pour mémoire, en listant le bilan des années les plus chaudes relevées par les stations météo de la métropole depuis l’origine des enregistrements de température, l’année 2018 se révèle être une des plus chaudes durant les mois de juin à août dans la partie nord-est du pays. L’Île-de-France n’a pas échappé à cette situation de fortes chaleurs.
Conséquence du réchauffement climatique
La sécheresse de l’été 2018 est un énième avertissement que la nature nous lance. Tandis qu’il fait beau et chaud au nord, il pleut des trombes d’eau au sud. Du coup, nous avons bénéficié de nombreux jours de ciel bleu. Habituellement, à Melun la moyenne d’ensoleillement durant l’été est de 648H55 et pour 2018, il a été de 767h04.
Outre les quelques éléments listés plus haut, les risques d’incendie et des feux de forêt sont particulièrement grands. La forêt de Fontainebleau est fréquemment soumise aux incendies. Cette année, une dizaine d’hectares sont partis en fumée. Les sols très secs plantés de pins sont extrêmement inflammables. Le moindre mégot ou barbecue sauvage peuvent embraser les broussailles.
L’ONF rappelle tous les ans les règles de sécurité et les interdictions aux promeneurs.
Et vous, avez-vous noté l’impact de la sécheresse 2018 dans votre environnement ?
Bonjour Djamal,
Merci pour ce bilan alarmant, et bien documenté. Malheureusement, les années caniculaires deviennent la norme au fil des décennies.
Les insectes ont été nombreux dans mon jardin, à cause des arrosages réguliers, tous les quatre jours, mais j’ai vu moins d’oiseaux insectivores survoler cet espace réduit, preuve qu’ailleurs, les conditions n’étaient pas favorables à la multitude d’insectes dont ils se nourrissent. Les martinets noirs par exemple, sont arrivés beaucoup plus tôt avec trois semaines d’avance, et sont repartis vers les terres africaines, pour hiverner aussi en avance. Malgré les arrosages copieux bi hebdomadaires, le jardin a beaucoup souffert de la brûlure répétée du soleil, et certaines plantes n’ont pas donné les résultats attendus (grillées par le soleil ardent, même les lavandes !)
Inutile de te dire que les premières pluies tant attendues ont été accueillies par moi avec un bonheur immense ! Malheureusement d’autres, dans le Var et ailleurs, ont connu des inondations, qui sont récurrentes à l’automne, où l’eau ne peut s’infiltrer faute de substrat meuble dans cette terre assoiffée et dure comme du béton, et donc l’eau ruisselle vers l’aval des collines pentues.
La faune et la flore s’appauvrissent, et il ne faut pas être un scientifique pour le remarquer… Le climat se devient plus désertique, les feux de forêts s’amplifient, les constructions poussent comme des champignons, et nos activités créent des gaz à effet de serre ! Sans compter toutes ces lubies que nous inventons, et qui impactent aussi lourdement les milieux naturels et les espèces, telles que les éoliennes qui fauchent et happent les oiseaux, les insectes, sur leurs passages par exemple !
Bonne semaine à toi !
Grosses bises.
Amitiés.
Brigitte.