Un simple coup d’œil peut-il suffire à identifier ces 2 oiseaux de la famille des Turdidae ? Autrement dit, quelles différences existent entre la grive musicienne (Turdus philomelos) et la grive draine (Turdus viscivorus) ? C’est ce que nous allons voir ensemble dans ce dossier.
Caractéristiques communes
Sans aller jusqu’à la plume, je commencerais par citer la teinte du plumage qui est similaire chez les 2 espèces avec un brun tirant sur un gris pâle pour la draine. Leurs poitrines sont parsemées de taches marron sur un fond clair. Elles sont les yeux noirs et les pattes roses. L’une et l’autre recherchent leur nourriture au sol en sautillant. De loin, il est très facile de se tromper ! Il y a lieu de préciser mâle et la femelle des 2 espèces ont le même plumage.
Différences morphologiques
Parlons de la morphologie de la grive draine qui est significative. En effet, quand elle observe autour d’elle, elle se redresse droite comme i et tend un long cou. Ses mensurations sont à son avantage par rapport à sa cousine. Elle mesure environ 27 à 28 cm du bout du bec à l’extrémité de la queue pour une envergure comprise entre 42 et 47 cm. La longueur de sa queue est supérieure à celle de Turdus philomelos. Son poids est de 125 g en moyenne. Les taches foncées du poitrail ont des formes variables. Chez les adultes, la base du bec est jaune.
Pour ce qui est de la grive musicienne, son aspect est plus râblé ! La teinte du plumage est plus dans le contraste. Le brun roussâtre par endroit et un poitrail blanc parsemé de taches en forme de V à l’envers. Il est à noter que la partie inférieure du bec est jaune. Plus petite, sa longueur est de 22 à 23 cm pour une envergure de 33 à 36 cm. Plus légère, elle pèse de 60 à 90 g.
Habitat de la grive draine
De nature craintive et fuyant l’homme, son habitat est un patchwork de milieux. Elle recherche une alternance de bois, clairières, prairies, de haies, de bosquets et de ripisylves. Elle n’est donc pas exclusivement forestière, mais aime la diversité de biotopes. Le massif de Bleau (Seine-et-Marne) abrite des couples qui se montrent ici et là. En plein été se forment de petites bandes familiales de 6 à 8 individus. Mais son observation est furtive, car l’oiseau ne se laisse pas approcher !
Habitat de la grive musicienne
Plus forestière que sa cousine, la grive musicienne aime les bois denses et humides. Elle est présente aussi dans les forêts de feuillus et de conifères. On la voit également dans les taillis, les bocages, les parcs et jardins. En forêt de Fontainebleau, je l’entends souvent chanter au printemps dans les boisements de bord de rivière comme la Seine ou le Loing.
Régime alimentaire
Leur alimentation est relativement similaire. J’ai cependant trouvé pas mal de choses intéressantes comme la répartition entre la consommation d’invertébrés et de végétaux en fonction du lieu de séjour. Mais avant de venir aux particularités, voyons de quoi est faite leur alimentation.
Turdus viscivorus
Turdus viscivorus consomme des sauterelles et autres Orthoptères, des chenilles de papillons, des larves d’insectes volants (mouches, guêpe, syrphes, etc.), des vers de terre et tout ce qu’elle peut capturer au sol. On peut ajouter, les coléoptères, les limaces, les fourmis. Sa particularité est son appétit pour la baie du gui (Viscum album). Vous noterez que viscivorus signifie mangeur de gui. Mais son intérêt pour les baies ne s’arrête pas à cette plante parasite puisqu’elle se nourrit aussi de mûres, du fruit du houx, du sorbier notamment.
Dans son régime alimentaire, la part du végétal est d’environ 45 %. Les protéines sont de l’ordre de 55 %. (Source de l’Institut méditerranéen du patrimoine cynégétique et faunistique). J’ajouterais qu’il est probable que les 2 turdidés attrapent à l’occasion des petits lézards ou de jeunes micros mammifères.
Turdus philomelos
Quant à la grive musicienne, son alimentation est sensiblement la même avec une part végétale plus basse de l’ordre de 43 %. Au début de l’automne et en hiver, en plus des baies, elle consomme les fruits mûrs des jardins (pommes, poires) ou d’espèces sauvages. Une des particularités de cette espèce est de casser les coquilles d’escargot sur une surface dure. Elle le prend dans son bec et le projette contre cette dernière pour accéder à la chair du gastéropode.
La dernière caractéristique que je mentionnerais est son adaptation aux ressources alimentaires de son habitat en régime hivernal. Par exemple en Espagne, pays producteur de fruits, le pourcentage de végétaux consommés varie entre 69 et 82 %. Tandis qu’en Israël, l’espèce se concentre sur les escargots.
Récapitulatifs sur la comparaison
Vous l’aurez compris, il y a quelques différences entre la grive musicienne et la grive draine. Cela nécessite donc une observation attentive. La posture de cette dernière droite et haute, surmontée d’un cou allongé est un premier critère d’identification. Le second est la différence de taille entre les 2 oiseaux. Et le dernier point est l’environnement dans lequel on les trouve.
Vous avez à présent une base pour vos prochaines sorties de birdwatching. Si vous voulez découvrir quelle est la plus petite grive venant nous voir, cliquer sur le lien.
Sources bibliographiques
- https://inpn.mnhn.fr/docs/cahab/fiches/Grive-draine.pdf
- https://inpn.mnhn.fr/docs/cahab/fiches/Grive-musicienne.pdf
Bonjour Djamal,
Merci, j’en ai appris beaucoup, notamment sur le choix de la nourriture de ces oiseaux : le houx, le gui… elles ont un sacré gésier pour digérer les fruits toxiques de ces arbustes.
Dame Nature me surprendra toujours.
Bonnes observations, je suppose la forêt de Fontainebleau magnifique à cette période de l’année ! Régale-toi.
Prends soin de toi aussi !
Cordialement, à très bientôt,
Brigitte.
Les baies sauvages sont appréciées par ces oiseaux ! La forêt en accueille pas mal en cette période.
Merci pour tes propos avisés Brigitte.
Au plaisir de te lire.
Comme toujours mon ami, tes documents sont supers merci et bonne journée !
Merci pour ce partage de connaissance.
Avec plaisir