Grand Cormoran (Phalacrocorax carbo) au décollage

Grand cormoran noir (Phalacrocorax carbo) – Un piscivore nuisible ?

Le Grand Cormoran (Phalacrocorax carbo) est un grand oiseau noir de type palmipède. Vu un peu partout comme un piscivore nuisible ou invasif, je souhaitais vous présenter le Cormoran commun, celui que l’on voit voler au-dessus de la Seine et sur les grands plans d’eau du sud Seine-et-Marne. Rarement observé de près, je vous dévoile les attributs beauté de ce pêcheur de poisson.

Description

L’identification du Grand Cormoran est facile puisqu’il ne ressemble à aucun autre. Oiseau noir de grande taille avec une longueur du bec à la queue de 90 cm environ, il déploie une envergure d’à peu près 1m50. Première constatation, Phalacrocorax carbo est unique dans l’avifaune d’Ile-de-France, donc aucun risque de la confondre avec le cormoran huppé, natifs des bords de mers avec falaises rocheuses.

 

Cet oiseau aquatique est doté d’un plumage noir, d’une queue d’au moins 20 cm, d’un bec clair se terminant par un crochet. La base du bec est jaune et ses yeux sont d’un vert bouteille tout à fait extraordinaire. Ce plongeur est aussi équipé de pattes palmées pour se déplacer rapidement lors des parties de pêche. Et puis, un autre détail important, son plumage n’est pas imperméable ce qui l’oblige à se sécher, les ailes grandes ouvertes. Son poids avoisine les 2 à 2,5 kg. Enfin, son espérance de vie est donnée pour 20 ans.

 

Description du Grand Cormoran (Phalacrocorax carbo) - photo
Description du Grand Cormoran (Phalacrocorax carbo)

 

Les adultes ont un plumage noir quasiment intégral avec des reflets métalliques en période nuptiale alors que les juvéniles ont un plumage brun, un cou blanc et un ventre blanc. Il n’y a pas de différences marquées entre le mâle et la femelle hormis la taille plus importante pour le mâle.

Habitat

Normalement confirmé sur les côtes rocheuses ou sur les iles en mer, on le trouve malgré tout bien loin des eaux salées à l’intérieur des terres. Au printemps, des groupes d’oiseaux volant en formation (en V) remontent la Seine. Je les vois survoler le fleuve après Melun (Seine-et-Marne). Les premiers s’arrêtent sur les grands plans d’eau de l’Île de loisirs de Bois-le-Roi pour pêcher. Mais ce ne sera pas la destination finale, car les colonies de Cormorans sont installées un peu plus bas dans les anciennes gravières, dans des zones poissonneuses.

C’est ainsi que nous retrouvons ces colonies nicheuses dans les grands étangs des ENS (Espace Naturelle Sensible) en bordure du Loing. Là, de grands arbres accueillent des colonies comprenant des dizaines de nids de Cormorans venus passer là la période de reproduction qui débute en avril-mai.

 

Grand Cormoran (Phalacrocorax carbo) avec une perche dans le bec - photo
le Grand Cormoran avec une perche dans le bec

Régime alimentaire

Voilà un sujet qui fait couleur beaucoup d’encre dans le milieu de la pisciculture. En effet, ce palmipède se nourrit de poissons, de crustacés, de reptiles, d’insectes, d’amphibiens (grenouilles, têtards, etc.) capturés lors de plongée. Les espèces de poissons sont (d’après ce que j’ai observé) les poissons chats, les gardons, les brèmes, les perches, les brochetons.

Les particularités de ce pêcheur

Bizarrement, ce mangeur de poisson n’est pas équipé d’une combinaison intégrale le protégeant correctement de l’eau froide. D’ailleurs, vous remarquerez sur la photo ci-dessus que le corps de l’oiseau est quasiment sous l’eau, seul le cou dépasse.

Sur les étangs poissonneux, des Cormorans se regroupent pour pêcher ensemble. Formant plusieurs lignes, ils avancent et acculent les poissons avant de les attraper. Les groupes sont composés d’adultes et de jeunes comme le montre la photo. En fait, ces palmipèdes sont grégaires

Rapides sous l’eau, ils sont capables d’apnée de plus d’une minute. Il est rare qu’une séance de pêche se termine sans poisson ! Ce qui m’intéresse est d’observer et de noter les espèces de poissons remontées par ces oiseaux pêcheurs. Bien sûr, le lieu de pêche donne une certaine idée du type de poisson que l’on peut voir. Parmi les captures qui font office de nourriture, j’ai vu la perche, la tanche, le poisson-chat, le gardon, l’anguille et j’ajouterais la perche-soleil.

 

LE SAVIEZ-VOUS ? Cormoran signifie « corbeau de mer ».

 

Groupe de Grands Cormorans en pêche
Groupe de Grands Cormorans en pêche

Le Cormoran noir un oiseau nuisible ?

Tout déséquilibre naturel entraine des conséquences. Alors quand on emploie le mot nuisible, il faut se demander à qui. À partir de constat simple, il est évident que l’augmentation du nombre des cormorans à l’intérieur des terres suscite des réactions des personnes en lien avec le monde de la pisciculture ou de la pêche. Eh oui, chaque Cormoran mange environ 750 grammes de poisson par jour. Donc un bref passage dans une exploitation peut laisser des traces économiques.

Sinon, quand on parle de déséquilibre naturel, il convient de mettre les choses en perspective. Les populations de Grands Cormorans sont-elles plus nombreuses sur les côtes rocheuses ou à l’intérieur des terres ? Le mouvement des oiseaux loin de la mer est-il normal ? A-t-il de tout temps été observé par l’homme ou est-ce un comportement récent ? Est-ce que la pollution des rivières a poussé ces oiseaux piscivores vers les eaux douces et calmes des étangs, marais et autres plans d’eaux ?

Je n’ai pas la réponse à ces questions, mais je crois que la nature a de la mémoire et qu’elle se débrouille avec ce qu’on lui laisse. Le Grand Cormoran fera avec en attendant…

 

13 commentaires

  1. Et le nombre de cormorans présents désormais sur les rivières de première catégorie on en parle ?
    Cet oiseau piscivore nous détruit les milieux halieutiques déjà largement fragilisés par le réchauffement climatique notamment il dévore les truites farios de souche méditéranéenne mais surtout l’ombre commun
    lui aussi présent uniquement sur les rivières de première catégorie. Et désormais le grand cormoran
    vient se nourrir y compris dans les lacs de montagne en dévorant des dizaines de kilos
    de truites notamment les plus juvéniles et la catastrophe est annoncée.
    Lorsque l’on fait un article sur le grand cormoran il serait plus juste de tout dire !!

  2. Bonjour Djamal,
    il est étrange en effet que cet oiseau palmipède ne soit pas doté de plumes imperméables… Est il nourri de pain par certains humains ignorants (ce qui détruit les plumes chez les oiseaux, on le sait maintenant, et à la longue entraîne une atteinte mortelle aux organes internes des oiseaux) ? Mange t’ il aussi dans nos décharges ?
    Tous les cormorans remarqués ont ils les plumes perméables ?
    Bonne continuation et merci pour cet article qui a le mérite de soulever les bonnes questions : la nature est équilibre… fragile, où tout animal ou végétal a sa raison d’être.
    Bonne semaine !
    Brigitte

  3. Article intéressant sur le grand et beau Cormoran.
    Merci Djamal pour toutes ces belles photos et les détails se rapportant au Cormoran.
    Bonne semaine.
    Dominique

  4. Toujours très intéressant. Nous avons les Cormorans au Canada aussi. Bonnes vacances à vous.

  5. le mal aimé des pêcheurs !pourtant un bel oiseau , merci Djamal

  6. Toujours aussi intéressant Djamal. Merci de nous faire partager tes heures de veille pour nous faire de si belles photos, et nous apprendre notre magnifique environnement. Continue, c’est que du bon. Danye

  7. Très bon Article tout en synthèse pour ce bel oiseau que j’ai largement photographié à Sorques
    Merci

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