La tortue d’eau appelée aussi tortue aquatique ou Trachémyde à tempes rouges ont eu pendant des dizaines d’années un grand succès auprès des enfants. Les parents achetaient aux bambins un petit animal de compagnie. Ils devaient s’en occuper en les nourrissant. L’entretien du vivarium était une sorte de gage de confiance que les adultes donnaient à leur descendance.
Entre temps, les enfants ont grandi et les tortues de Floride aussi. Que faire de ces reptiles devenus trop grands ? Plusieurs dizaines d’années plus tard, on s’aperçoit que dans la plupart des plans d’eau, on trouve ces espèces invasives flottant à la surface de l’eau, l’été. Quel dommage leur présence entraine-t-elle ? Que faire lorsqu’on souhaite s’en séparer ? C’est l’objet de cet article…
Description de la tortue d’eau
Un des premiers signes distinctifs de cette tortue aquatique est la tache rouge présente derrière les yeux de chaque côté du cou. La carapace dure est de couleur sombre, alors que le plastron est jaune avec de grosses taches jaunes. La face, le cou et les pattes sont striés de jaune. Les tortues à tempes rouges adultes sont équipées de griffes de 2 à 3 cm.
Alors que les bébés tortues sont à peine plus grands qu’une pièce de 2 euros, les adultes peuvent approcher les 30 cm de long avec un poids approchant les 5 kilos. Ce reptile d’eau est capable de rester en immersion un moment en cas de danger. Ces narines se ferment lors des plongées.
Habitats d’origine de la tortue de Floride
La tortue de Floride (Trachemys scripta elegans) est une tortue d’eau habituée aux zones humides et marécageuses. Originaire des états unis, elle a été élevée dans dans fermes spécialisées comme « produit » d’export. Dès 1985, on retrouve ces petites bêtes dans les animaleries en France. Jusqu’en 1994, sa commercialisation se fera en toute légalité jusqu’au jour où nous nous rendrons compte que ces reptiles, si beaux, si petits sont devenus envahissants une fois devenus grands.
Leur commercialisation a cessé en France en 1994. Mais c’est en 1998 qu’une loi a interdit définitivement la distribution. Entre temps, les familles ayant acheté ces animaux ont très souvent déposé leur tortue en milieux naturels. Ces tortues d’eau se sont tellement acclimatées sous nos latitudes, qu’on en trouve partout en France en 2015.
Espèce invasive ou pas ?
Avec le recul sur 20 ans, il est possible de faire un constat simple de bon sens. Pour cela, je vais ramener cette réflexion à ce que j’ai observé dans la région de Fontainebleau. Je recense au moins 4 étangs de toutes tailles ayant leurs tortues à tempes rouges. Toutes celles que j’ai observées faisaient au moins 20 cm de long. Leur taille montre que ce sont des individus adultes qui sont présents sur les bassins depuis quelques années.
Au nord d’une ligne Bordeaux — Lyon, il y a peu de chance que la reproduction des tortues exotiques aboutit. L’hiver glacé a raison des œufs. Mais au sud de cette démarcation, ces tortues carnivores ont toutes les chances de voir leurs populations croître au détriment d’espèce locale comme la cistude d’Europe (Emys orbicularis). La compétition pour les réserves alimentaires et la destruction du biotope sont les premières causes d’affaiblissement des espèces de reptiles autochtones.
Le réchauffement climatique fait progressivement monter cette répartition nord-sud. Cette tendance laisse à penser que la tortue d’eau va se multiplier dans les régions plus nordiques.
Conséquences sur l’écologie locale
L’abandon dans la nature de ces animaux exotiques bouleverse l’écosystème local. Une compétition s’instaure dans les biotopes entre les prédateurs « endémiques » et le nouveau venu. Pour comprendre cette incidence, il capital de connaître le type d’alimentation de cette tortue d’eau. Une tortue adulte consomme de la viande ou du poisson si l’occasion se présente.
Donc, dans un étang bien équilibré écologiquement, cette arrivée risque de peser sur la survie de la petite faune. Je pense notamment aux batraciens qui peuvent être capturés à l’état larvaire (têtards de crapauds, grenouilles vertes, grenouilles rousses, grenouilles agiles, tritons, etc.).
Vous le comprendrez, cette petite tortue devenue grande viendra peser sur la biodiversité fragile des mares et étangs. Dans des régions comme la Corse, des études sont réalisées pour contenir la prolifération de ces tortues aquatiques qui n’ont aucun prédateur. La question qui se pose est quoi faire des tortues récupérées dans la nature.
Que faire des tortues de Floride récupérées dans la nature ?
Cette question, je me la suis posée lorsque j’ai photographié ce gros spécimen. J’ai hésité sur le sort à lui donner. Mais peut-être, est-ce l’occasion de se renseigner sur les bonnes pratiques à adopter dans pareille circonstance. Si vous trouvez une tortue de Floride, surtout ne la relâchez pas, mais contactez des associations spécialisées dans ce type de reptile.
Pas facile d’en trouver près de chez soi. En voici une dans le Gard !
Les associations placent les spécimens qu’elles recueillent dans des établissements qui possèdent les autorisations et structures nécessaires.
Tortue trouvée ou abandonnée : contact@cepec-tortues.fr
ou M. MORCILLO Capacitaire responsable du centre 06 30 33 60 20
Pour les personnes de la région de Toulouse, vous avez la possibilité de placer ou de confier la tortue trouvée auprès du refuge des tortues.
Pour l’Ile de France, c’est la FFEPT.
Vidéo d’une tortue d’eau près de Fontainebleau
Bonjour,
je me suis intéressé à cet animal qui est encore présent dans diverses mares de la forêt de Fontainebleau, mare aux Fées, mare aux pigeons, mare à Piat, mare aux Evées.
Une étude sur cette espèce a été réalisée par l’université Paris Sud (Orsay) laboratoire ESE. Des tortues ont été équipées d’émetteurs radio (mare aux Pigeons et mare de Franchard) des bassins présentant les mêmes conditions de milieu que les mares ont été créées (12) sur le site de la Fac afin d’évaluer l’impact des tortues sur diverses espèces (faune/flore).
Cette étude a aussi permis de regrouper autour du thème des représentants d’autres structures (ONEMA, ONF, Zoo de Thoiry, sociologue, éducation nationale..).
Le zoo de Thoiry avait la capacité de garder les animaux qui y étaient apportés après une mise en quarantaine.
Il a été trouvé 19 œufs de tortue sur le site de la mare aux Fées. Ces œufs ont été pour 3 d’entre eux en incubation, mais sans succès (les autres étaient vains).
Le point impact de la tortue sur les autres espèces, y compris humaines, au seul plan de pathologies dont la tortue serait un porteur sain n’a pas été étudié.
Il semble que le nombre de tortues soit en régression (le climat ou d’autres facteurs leur serait-ils fatals ?).
Dans la mare aux Pigeons où avaient été capturés 6 individus, il semble que l’on n’observe plus (à voir ?).
Enfin une tortue ne pèse que 1 à 2 kilos.
Il faut effectivement, en cas de capture, déposer les tortues dans des centres agréés. Le maillage n’est pas au rendez-vous.
Soyez remercié pour cette sensibilisation à ce problème, mais qui n’est pas unique (raisin d’Amérique, poissons divers….).
Dernier point la tortue ne peut, à mon sens, ne pas être considérée comme invasive (du moins dans l’état actuel du climat) et du fait qu’il y a pas de témoignage de reproduction réussie, mais, et est déjà beaucoup comme exotique.
Merci pour votre commentaire instructif et passionnant qui alimente notre réflexion sur ces animaux exotiques !
Je viens de regarder le site de la FFEPT… le souci c’est que je n’ai vu aucune adresse… donc, si on trouve une tortue de Floride dans une mare de notre chouette forêt, on en fait quoi? Tu sais où on doit l’amener? Merci!
Oui chez moi c,est une plaie ,une invasive le mot et juste.la faute a qui? Salut a bientot
Un article très bien fait et très instructif, merci 🙂
Merci Lionel, c’est sympa !
J’ai consulté ton site internet qui regorge de bonnes idées.
Je vais te contacter par mail car j’ai quelques questions 😉
Merci Lionel 🙂
vraiment très intéressant Merci ! j’ai vécu à Fontainebleau et je m’attendais davantage à un article sur la Salamandre 😉 grand sujet que ces adorables autant que voraces tortues victimes de l’inconscience …
super pour les contacts !
Je les note précieusement au cas où …
Bien cordialement
Merci pour les adresses des centres 😉
(… et pour l’article!)
Je t’en prie David, si elles peuvent être utiles ! D’ailleurs, je fais un appel dans le cas où vous connaitriez d’autres adresses sur la France, elles seront les bienvenues…
Je ne pensais pas qu’il y en avait autant… J’en ai en effet vu 2 grosses en été dans la mare aux carpes du château de Fbleau (!) si je les revois, je préviendrai les gardiens du parc.
Pour ceux qui habitent le Var, on peut contacter le village des tortues à Gonfaron, il est vraiment bien et sert aussi de clinique quand elles sont en mauvais état : Village des tortues
Il faudrait trouver un moyen d’expliquer aux gens qu’un animal n’est pas un jouet. Ce n’est malheureusement pas toujours simple… On y arrivera un jour.
Merci pour votre article !
On pense souvent sur le court terme en voulant faire plaisir et c’est parfois risqué !